Quelles sont les principales causes pour lesquelles les tortues marines arrivent dans votre centre (blessures, pollution, braconnage, etc.) ?
En Polynésie, la tortue marine fait partie de la culture locale, étant considérée comme un repas de prestige, souvent réservé aux rois et aux chefs. Bien que la pêche soit aujourd’hui interdite, car les tortues sont protégées, le braconnage reste la principale cause d’admission des tortues dans le centre de soins. On observe souvent des impacts de harpon sur leur carapace, mais elles sont fréquemment visées à la tête, car c’est la zone la plus vulnérable. Actuellement, une tortue du centre a été retrouvée avec une flèche dans le cou, ce qui lui a sectionné le nerf optique, la rendant aveugle.
Les collisions avec les bateaux représentent également un danger majeur. Les tortues doivent remonter à la surface toutes les 20 à 40 minutes pour respirer, mais malgré leur excellente vue sous l’eau, elles sont presque myopes à la surface et ne voient pas les bateaux arriver. Lorsque ces derniers naviguent trop vite, les risques de collisions sont amplifiés, entraînant des blessures souvent causées par l’avant des bateaux ou les hélices.
La pollution plastique constitue une autre menace. Au fil des années, on constate de plus en plus de plastiques dans l’estomac des tortues. Ces déchets s’accumulent et forment des bouchons qui, malheureusement, finissent par tuer les tortues.
Enfin, les maladies et la prédation naturelle figurent également parmi les causes de blessures et de décès chez les tortues marines.
De plus, je souhaite rajouter que la population des tortues chute également à cause du taux de survie des œufs. En effet, le taux de survie des œufs lors de la ponte est très faible. Sur un nid de 100 œufs, un seul survit, et un sur mille atteint l’adolescence. Parmi les causes de ce taux si faible, on trouve les œufs écrasés par d’autres, ceux qui se font piétiner et ne parviennent pas à sortir, les fourmis qui mangent le liquide sur les œufs et les yeux (ce qui entraîne des bébés tortues aveugles), ainsi que le plus grand prédateur : les rats, introduits par l’homme, qui représentent un véritable fléau.
Quel est le taux de réussite en termes de réhabilitation et de réintégration des tortues dans leur milieu naturel ?
Il est difficile de quantifier précisément ces données, car elles sont basées sur des statistiques. Plus le centre accepte de tortues en mauvais état, plus le risque de pertes augmente. En termes de survie, on estime que moins de 50 % des tortues parviennent à se rétablir complètement.
Les tortues retournent-elles parfois au centre après leur libération ou gardez-vous un suivi sur elles ?
Cela est arrivé trois fois. Sur les centaines de tortues soignées et relâchées (environ 700), c’est un cas très rare.